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La Fondation du Doute présente l’exposition de Ben « L’Ego Indestructible »

La Fondation du Doute accueille les oeuvres contemporaines d’une cinquantaine d’artistes, liés au mouvement Fluxus. Pour les 60 ans de ce singulier mouvement, l’une des dernières avant-gardes du XXe siècle, la Fondation du Doute présente un nouvel accrochage de
ses collections. Elle met également en scène de nouvelles oeuvres, un nouveau parcours dans le site et l’exposition temporaire de Ben «L’ego indestructible ». Cet acteur historique est toujours emblématique du mouvement.
Cette fondation est située dans l’ancien couvent des Minimes de Blois. Elle abrite également l’école des beaux-arts, le conservatoire de musique de la ville. Ce centre artistique hybride, participatif et interactif a été imaginé par l’artiste Ben Vautier et réalisé en 2013. Cette  fondation, qui relate l’histoire de Fluxus et de ses influences, est devenue le lieu de référence français du mouvement.

La Fondation du Doute

Cet endroit original interroge le visiteur sur l’art, ses limites et ses frontières. Il est à la fois un lieu vivant et un espace d’expression et d’interrogation sur l’art. Elle est un soutien pour l’art et les artistes les plus engagés dans la recherche de nouvelles expressions. La Fondation du Doute est devenue un réservoir d’idées, avec le Centre Mondial du Questionnement. Sa vocation consiste à accueillir artistes, théoriciens et chercheurs. Elle a créé une résidence vivante où les publics se rencontrent. Elle retrace les fondements du mouvement Fluxus. Les visiteurs peuvent alimenter leurs esprits et devenir interprètes et acteurs activistes. Chaque proposition artistique, suppléant le terme d’œuvre, devient une expérience d’échange et de mise en commun.

Qu’est-ce que le mouvement Fluxus ?

Ce mouvement, qui a fait son apparition en 1962, rassemble des artistes de tout bord. Fluxus valorise des performances transdisciplinaires. On y trouve Yoko Ono, Yves Klein, George Brecht, George Maciunas ou John Cage, entre autres pionniers engagés, aux commandes. Fluxus plante les bases de l’art contemporain. Ce n’est plus la beauté qui est recherchée dans l’art, mais un discours sur l’art lui-même. Qu’est-ce que l’art ? Avec le mouvement Fluxus, l’art est replacé au cœur de la vie et de nos interrogations. Par ses « écritures » sur les fournitures scolaires, Ben a été le premier artiste à démocratiser l’art contemporain. Ce qui lui a permis de le faire entrer dans la société de consommation à un moindre prix.

Une bâtisse originale

Dès son arrivée à la Fondation du Doute, le visiteur est accueilli dans la Cour du doute, par l’emblématique « Mur du doute ». Cette immense installation, qui orne la façade de la Fondation, interpelle. Elle est constituée des « écritures » de Ben, artiste emblématique du mouvement, réparties sur 313 plaques émaillées. Ces écritures sont faites d’affirmations et d’interrogations. La porte de la bâtisse passée, nous rentrons dans l’univers Fluxus.

La Fondation du Doute, nouvelle version

Elle a rouvert ses portes après des mois de travaux. Elle offre aux visiteurs une nouvelle scénographie de sa collection permanente consacrée au mouvement et à l’esprit Fluxus. Y sont présentées plus de 400 œuvres et documents ainsi que des nouvelles œuvres. Elles sont issues en grande partie de la collection personnelle et historique de Ben. S’y trouvent également des œuvres prêtées par des collectionneurs privés*. Avec son parcours relooké, la Fondation du Doute permet au visiteur de changer son regard sur les objets du quotidien. L’esprit en est devenu plus attractif, instructif et pédagogique. Ben, par ses « tableaux de mots », exposés aux murs, guide et interroge à la fois. Elle invite le public à être acteur de la visite et à s’amuser au fil des salles. Il pourra jouer au ping-pong sur une table customisée par Georges Maciunas, le fondateur de Fluxus…

* comme Gino Di Maggio, directeur de la Fondazione Mudima . Milan, ou Caterina Gualco, directrice de la Galerie UnimediaModern à Gênes.

Le Fluxus, nouveau café artistique

  A l’entrée de la Fondation du Doute, le nouveau Café artistique et boutique a été revisité par le designer Luc Chevallier. Les visiteurs peuvent se restaurer, discuter et s’interroger. Cet espace est devenu le Centre mondial du Questionnement. S’y trouvent des objets singuliers et un mur des « têtes d’affiche » dédié aux jeunes artistes. Le public peut y assister à des concerts ou des conférences. Il jouxte le Centre des livres d’artistes, avec des présentations de revues améliorée.

Les salles principales

D’une superficie de 800 mètres carrés répartis sur deux étages, elles sont organisées en section. Ces sections correspondent aux onze dénominateurs qui définissent le mouvement Fluxus*. De nombreuses oeuvres y sont exposées. La nouvelle présentation intégrale des oeuvres de Fandango de Wolf Vostell est fantastique. A voir aussi, les 13 tableaux pièges astro-gastronomiques de Daniel Spoerri. Sans oublier de nombreuses archives vidéo, prêtées par le Studio Azzurro et Fondazione Mudima. Les 45 photographies de Wolfgang Träger intègrent cette nouvelle sé.nographie.

*singularité, la musicalité, l’art-amusement, l’art c’est la vie, l’expérimentation,
l’implication, l’intermédia, l’éphémérité et la fugacité, la présence, le minimalisme, l’internationalisme.

Le pavillon d’exposition extérieur

Dans la cour intérieure de la Fondation du Doute, se trouve un pavillon d’exposition. Il est dédié aux expositions temporaires et à l’actualité artistique de la Fondation. Actuellement, il accueille l’exposition temporaire de Ben : « L’ego indestructible ». Par un jeu ludique, le visiteur est invité à participer à une expérience artistique. Chacun écrit ses propres questionnements sur des feuilles de papier. Celles-ci seront ensuite déposées dans des urnes puis accrochées aux murs. Ben vous explique qu’il est impossible de créer sans ego.

Le jardin clos

Ce jardin à la dense végétation est aussi un lieu d’expositions temporaires comme celle nommée » Promenades photographiques ».

Ben, en quelques mots

Ben est un des artistes majeurs du 20 siècle. Dès la fin des années 1960, il s’est fait connaitre auprès du public par ses performances, installations et surtout ses peintures à base d’écritures. Celles-ci interpellent en alliant impertinence et justesse. « La pagaille gagne du terrain », « c’est la jungle », « j’ai trop d’idées ». Ben y soulève malicieusement la question suivante, inlassablement posée dans l’histoire de l’art : tout est-il art ? Faisant partie de l’avant-garde artistique post-moderne, Ben appartient au groupe Fluxus. Il est proche du lettrisme. Des univers aussi éloignés du champ artistique que l’ethnisme, l’ego ou la vérité sont ainsi entrés dans son œuvre.

La biographie de Ben

Ben, de son vrai nom Benjamin Vautier, est né en 1935 à Naples. Sa mère est irlandaise et occitane, son père suisse francophone. Il est le petit-fils de Marc Louis Benjamin Vautier, peintre suisse du 19ème siècle. En 1949, Ben s’installe à Nice avec sa mère. A la fin des années 50, il acquiert une petite échoppe qu’il baptise « Laboratoire 32 ». Il propose, notamment, des disques d’occasion. Au fil du temps, Ben en transforme la façade en y accumulant divers objets. Rapidement, sa boutique devient un lieu de rencontres et d’expositions. Les principaux membres de ce qui deviendra l’École de Nice s’y retrouvent. César, Arman. Proche d’Yves Klein, également originaire de Nice, il est séduit par le Nouveau Réalisme. Ben est convaincu que « l’art doit être nouveau et apporter un choc ».

Les « écritures » de Ben

En 1953 avec une paraphrase simple et évidente « Il faut manger, il faut dormir », il crée sa première « écriture ». Pour mieux questionner l’art, il décide de l’écrire. Avec cette écriture, il en fait un art visuel. Ben amorce ainsi un premier pas vers l’art conceptuel qui ne s’est pas encore développé à l’époque. Ses « écritures » manuscrites en lettres blanches sur fond noir vont résonner comme de véritables slogans. En 1955, il réalise une série de dessins et débute ses recherches graphiques. Au début des années 60, plusieurs artistes tentent de s’approprier le monde en tant qu’œuvre d’art. Ben va signer tout ce qui ne l’a pas été. « Les trous, les boites mystérieuses, les coups de pied, ect.. »

Son ralliement au mouvement Fluxus

En 1962, à la suite d’une rencontre avec George Maciunas à Londres, Ben rejoint le mouvement Fluxus. Entre 1960 et 1963, il développe la notion d’appropriation, du tout est art et du tout possible en art. Débute alors sa série des “Tas”, entassant de la terre et des déchets sur des terrains, qu’il signe. En 1965, dans son magasin, il créé une galerie de trois mètres sur trois dans la mezzanine : « Ben doute de tout ». Il y expose, entre autres, Martial Raysse et Albert Chubac. C’est le début d’une reconnaissance nationale avec l’exposition collective au Centre Georges Pompidou. En 1977, le Centre Georges Pompidou inaugure l’exposition collective « A propos de Nice » qui apporte la reconnaissance parisienne à l’École de Nice. Au début des années 1980, il rencontre de jeunes artistes*. A ce groupe, il donnera le nom de Figuration libre.

*Robert Combas, Hervé Di Rosa, François Boisrond, Rémi Blanchard, etc.

Un lieu d’exposition sur mesure à Blois

En 1995, à Blois, il inaugure « Le Mur des Mots ». Il s’agit d’une des œuvres les plus conséquente de l’artiste. Sur la façade de la cour de l’École d’Art de Blois-Agglopolys et du Conservatoire de musique, sont installées 300 plaques émaillées. Elles composent une rétrospective de ses plus célèbres tableaux-écritures.

Ben aujourd’hui

Avec sa production, Ben a permis une réflexion sur l’art dans ce qu’il a de plus fondamental. Il a réussi à faire de la vie un art. Très impliqué dans la scène contemporaine, Ben soutient depuis toujours de jeunes artistes. Il donne son point de vue sur toute l’actualité. Qu’elle soit culturelle, politique, anthropologique ou artistique, dans ses newsletters régulières et prolixes. Depuis 1975, Ben vit et travaille à Nice, sur les hauteurs de la colline de St Pancrace. Ses œuvres sont présentes dans les plus grandes collections privées et publiques du monde. Notamment le MoMA de New York, le Musée national d’art moderne de Paris, le Musée d’Art moderne et d’Art contemporain de Nice.
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Informations Pratiques

La Fondation du Doute
 
Adresse : Collections Ben & Fluxus Expositions – Café boutique 14 rue de la Paix – 41000 Blois
Tel : + 33 (0)2 54 55 37 48
 
Horaires et jours d’ouverture
 
Collections permanentes :du 12 nov au 18 déc : du vendredi au dimanche de 14h à 18h30 (dernier accès à 18h)
 
Fluxus café boutique & Pavillon d’exposition : du 12 nov au 18 déc : du vendredi au dimanche de 14h à 18h30
 
Exposition temporaire (accès libre) : « L’Ego Indestructible »– Jusqu’au 27 novembre 2022 – du mercredi au dimanche, de 14h à 18h30
 
Tarifs : Plein : 7,50 € – Réduit : 5,50 € – Tarif jeune (5/17 ans) : 3,50 €
 
Auteur : Corinne Martin
 
Photos : Corinne Martin et Fondation du doute – Ville de Blois